La guerre en Ukraine a été un test pour la politique étrangère du président démocrate, pour un leadership américain en crise après Trump, pour une opinion américaine hostile aux engagements militaires extérieurs des Etats-Unis. Quoi qu’il arrive, elle définira le bilan du plus vieux président de l’histoire américaine. Le destin politique de Biden est désormais lié à celui de l’Ukraine et de cette guerre devenue longue. C’était aussi le signal envoyé par la visite surprise du président américain à Kiev lundi 20 février.

© Illustration Simon Toupet / Mediapart

Depuis le début de l’invasion russe de février 2022, la position américaine n’a pas varié des lignes directrices définies très tôt par Joe Biden: pas d’implication directe de soldats américains, respect des engagements vis-à-vis des alliés de l’OTAN et réponse transatlantique notamment par des sanctions sans précédent; soutien à l’Ukraine, pour l’aider à se défendre contre l’invasion et la menace d’annihilation. Au fil des combats et des débâcles russes s’est ajouté l’impératif d’éviter à tout prix une escalade nucléaire de la part de Poutine, et un conflit direct entre Russie et OTAN. 

Si Biden a parfois invoqué “la lutte de la démocratie contre l’autoritarisme” pour qualifier la guerre, le récit dominant aux Etats-Unis, à la Maison Blanche, dans les médias, et pour l’opinion, est le soutien à un pays ami envahi par son voisin alors qu’il ne le menaçait pas, et dont toute la société se défend courageusement, mené par un président que la guerre a révélé en Churchill de l’ère Twitter. Il est important de le rappeler car c’est un aspect crucial pour l’opinion américaine et dans l’imaginaire outre-atlantique en général. Les parlementaires, largement majoritaires encore, qui soutiennent ou réclament même davantage de soutien de la part de l’Exécutif (des missiles longue portée, des F16), invoquent toujours l’héroïsme et le courage de la résistance du peuple ukrainien. L’objectif de Washington aujourd’hui est simple: défendre le droit de l’Ukraine à exister sur une carte, à être une démocratie et à rejoindre l’UE si elle le souhaite, capable de se défendre et d’assurer la sécurité de ses citoyens. Un objectif de justice également, rappelé par Kamala Harris à Munich évoquant les “crimes contre l’humanité” commis par les forces russes en Ukraine.

L’Ukraine dans son malheur a eu la chance de trouver à Washington un président américain expérimenté en politique étrangère, et le plus atlantiste des trois derniers chefs de l’État américains.

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J’ai été également l’invitée de la nouvelle émission de Mediapart, Retex, sur les questions militaires et les conflits armés, enregistrée le 21 février: « Ukraine: que veulent les Etats-Unis?« 

Retrouvez ici le dossier complet de Mediapart: Un an de guerre en Ukraine).

Photo Patrick Miette, Ukraine, mars 2022.

J’avais déjà rassemblé ici en avril 2022 plusieurs de mes publications sur la guerre en Ukraine, avec les photos de Patrick Miette sur le front.

La magie du blog fait ressurgir deux articles écrits en 2014: cet article sur « la crise ukrainienne vue de Washington » présente les débats et l’analyse dominante alors, à relire près de 10 ans plus tard; et celui-ci plus bref mais avec un de mes titres favoris, « L’inaction est aussi une politique« .

Photo Patrick Miette, Ukraine, mars 2022.