Si la Chine reste la priorité des États-Unis, l’administration Biden a besoin d’une relation transatlantique forte et d’une Europe unie. La guerre en Ukraine sera ainsi au programme de la visite d’État d’Emmanuel Macron à Washington, qui débute mercredi 30 novembre.

Ma dernière chronique revient sur la relation franco-américaine, 15 mois après l’affaire des sous-marins australiens. Elle s’intéresse aussi à l’influence et à la perception de la France, aux États-Unis et en Europe, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine.

Illustration Simon Toupet Mediapart

La relation transatlantique, les liens et les attentes entre les États européens et les États-Unis, ont été profondément transformés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février dernier. Ce dossier sera bien présent dans les discussions entre Joe Biden et Emmanuel Macron, en visite d’État à Washington du mercredi 30 novembre au vendredi 2 décembre, même si les récriminations européennes sur la préférence nationale et régionale du plan Biden pour le climat (Inflation Reduction Act) et les prix du gaz américain risquent de mobiliser davantage l’attention médiatique.

Joe Biden va se concentrer sur la politique étrangère durant ses deux prochaines années de mandat. Le président des États-Unis aura en effet face à lui un Congrès divisé, qui va bloquer toute avancée sur son agenda intérieur. En politique étrangère, le président a davantage les mains libres. Or, sur le plan international, si l’Ukraine est le dossier le plus pressant, la Chine reste la priorité pour la Maison Blanche comme pour les agences du pays.

Pour pouvoir se concentrer sur le prioritaire sans négliger l’urgent, l’administration Biden a besoin d’une relation transatlantique forte et d’une Europe unie. Elle étudie aussi les conditions qui pourraient permettre une fin des combats en Ukraine, comme en attestent de nombreuses fuites et déclarations récentes.

L’unité transatlantique était au cœur des deux jours de discussions du Forum transatlantique de Prague, la semaine dernière, auquel j’ai participé. La guerre et l’avancée des combats, l’aide militaire américaine massive, le rôle des États-Unis en Europe, et celui de la France, ont alimenté les débats de cette réunion annuelle qui rassemble chercheurs, experts et diplomates venus de tous les pays européens et des États-Unis, avec une forte représentation de l’Europe centrale et orientale.

Au cœur de l’Europe, la guerre en Ukraine est plus proche, géographiquement et dans les esprits. Après deux mois de contre-offensives spectaculaires des forces ukrainiennes, Kyiv a reconquis plus de la moitié du territoire occupé par les Russes depuis l’invasion de février 2022. La ligne de front court sur près de 1 000 kilomètres. Mais personne n’envisage que l’Ukraine puisse reprendre l’intégralité de son territoire, même hors Crimée, dans les mois qui viennent.

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