La principale surprise de l’élection du 8 novembre vient du décalage entre la « vague rouge » promise par tous les médias, partisans ou non, et la piètre performance des républicains. Cette victoire annoncée s’appuyait également sur un grand nombre de sondages, qui se sont révélés peu fiables.
Explications dans ma dernière chronique pour Mediapart, publiée le 10 novembre.

Les élections de mi-mandat ont fait quatre vainqueurs, indépendamment si l’on peut dire du contrôle du Congrès, encore incertain à ce stade : les droits des femmes, que, surprise, elles ont voulu défendre ; la démocratie, que, contrairement là aussi aux pronostics, les électeurs considèrent comme un sujet important et qu’ils veulent protéger ; le républicain Ron DeSantis, réélu triomphalement en Floride au poste de gouverneur ; et le président Biden, qui a déjoué les précédents historiques et les pronostics.
La principale surprise de l’élection du 8 novembre vient du décalage entre la « vague rouge » (républicaine) annoncée et la piètre performance des républicains, qui s’attendaient à gagner jusqu’à soixante sièges – ce qui n’est pas arrivé.
Pas de vague
Depuis des mois, tous les médias, partisans ou non, répétaient que l’état de l’économie, et en particulier l’inflation, ou à défaut la criminalité, allaient déterminer le vote, faire perdre magistralement les démocrates (d’où la « vague rouge »), et donner des majorités à toute épreuve au parti républicain dans les deux chambres du Congrès et une majorité des États.
C’était aussi le principal argument de campagne des candidats républicains, à quoi il fallait ajouter l’immigration dans un certain nombre d’États. À force de lire et entendre cela dans tous les médias américains – et au-delà, France comprise –, on aurait pu oublier ce vieil adage washingtonien : « Les seuls à croire les éléments de langage des républicains sont les démocrates. » Le fait est que les républicains ont réussi, comme souvent, à imposer les termes du débat.
C’est un point important, qui mérite que l’on s’y attarde un peu. Car cette campagne a en effet montré des démocrates sur la défensive, comme toujours, alors même qu’ils avaient un bilan honorable à défendre. Mais la domination du message républicain s’explique en grande partie par leur domination de l’écosystème médiatique.
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La surprise des indépendants
Mais ce n’est là qu’une partie de l’histoire : car la vague rouge annoncée s’appuyait également sur un grand nombre de sondages, dont beaucoup se sont aussi trompés. Or là aussi, il est intéressant de se pencher sur le phénomène, qui éclaire également l’évolution politique états-unienne actuelle. La réponse tient au poids des indépendants, j’en parlais déjà ici et là.
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