Si l’histoire ne se répète pas, elle rime souvent, comme le veut la formule. À cet égard, il est instructif de revenir sur les débuts de la première guerre froide aux États-Unis, à la fin des années 1940, pour comprendre comment s’est construite alors la stratégie américaine – et en tirer des enseignements face à la seconde guerre froide qui se précise. C’était l’objet de ma chronique de fin d’année pour Mediapart.

© Photo illustration Simon Toupet / Mediapart avec AFP

Alors que le nouveau Congrès vient de s’installer à Washington, marqué par l’élection chaotique du nouveau Speaker de la Chambre républicaine, une chose est certaine: la Chine devrait occuper en 2023 de plus en plus du temps parlementaire et présidentiel. C’est la priorité de toutes les agences exécutives, de la Maison Blanche, et du Congrès, aussi bien du Sénat démocrate que de la future majorité républicaine de la Chambre; c’est surtout l’un des derniers dossiers bipartisans à Washington.

Biden lui-même a largement insisté sur la nécessité de consolider un consensus bipartisan pour la politique étrangère, qu’il considère comme la condition pour garantir sur le long terme la crédibilité et la fiabilité de la stratégie internationale du pays. Face à la nouvelle équation politique à Washington, cette condition devrait mener à un durcissement de la position américaine: la future majorité républicaine à la Chambre en a fait une priorité, dont plusieurs déclinaisons politiques ont déjà été précisées.

Pourquoi parler de guerre froide ? Il ne s’agit pas d’annoncer un face-à-face similaire à celui qui a opposé les États-Unis à l’Union soviétique, tant les différences sont nombreuses, à commencer par l’importance du commerce et des flux économiques entre la Chine et les États-Unis – et le fait que ces deux pays ne se menacent pas d’annihilation nucléaire réciproque. Mais si l’on définit « guerre froide » par « état d’hostilité mutuelle sans conflit armé direct », alors nous y sommes déjà, comme l’expliquait récemment dans le New York Times le spécialiste de l’Asie et ex-agent de la CIA Paul Heer.

Un consensus au Congrès

Aux États-Unis, la politique étrangère est toujours aussi de la politique intérieure, et les contraintes politiques internes, en particulier celle du Congrès, pèsent sur l’élaboration de la stratégie internationale. 

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