La revue Questions Internationales a mis en ligne en accès intégral mon article sur la politique étrangère de Trump, paru à l’été 2019: La politique étrangère de l’administration Trump.
L’article propose une analyse de la politique étrangère du premier mandat de Trump, un président qui a su provoquer dans son pays le plus large débat de politique étrangère depuis des décennies, mais dont l’action internationale est marquée par les considérations intérieures et des obsessions personnelles.
Dans certains domaines, le résultat est une incohérence voire une schizophrénie stratégique; dans d’autres cas, notamment pour les dossiers restés sous le radar de Trump, certaines tendances de la politique étrangère américaine ont été soit confirmées soit inversées, avec des conséquences pour le prochain mandat, quel que soit le résultat des élections du 3 novembre prochain.

Jusqu’à l’élection de Donald Trump en 2016, la politique étrangère américaine de l’après-guerre froide pouvait être résumée par un double paradigme :
- celui de la mondialisation, caractérisant une évolution globale mais aussi la ligne directrice de la doctrine Clinton (extension des démocraties de marché) et plus largement la mondialisation de l’ordre international créé et soutenu par les États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les institutions, normes et principes américains semblaient alors pouvoir être étendus à l’ensemble du globe après la chute de l’Union soviétique et du bloc du même nom ;
- à partir du 11 septembre 2001, la « guerre mondiale contre le terrorisme » de George W. Bush, poursuivie bien qu’avec des moyens plus discrets par Barack Obama.
Donald Trump a voulu révolutionner la politique étrangère américaine. Sa volonté de redéfinition du rapport américain au monde était au cœur de ses promesses de campagne.
Alors qu’il brigue un second mandat, il semble que le changement d’orientation ait bien eu lieu :
- la compétition stratégique (ou compétition de puissances, great power competition) a remplacé la lutte contre le terrorisme comme grille de lecture et finalité première de la politique étrangère ;
- sur le plan des moyens, le slogan « America First » a promu l’unilatéralisme et le nationalisme comme principes directeurs, rejetant le multilatéralisme et les institutions à la base de l’ordre international, dont l’érosion est désormais avérée.
Certains éléments de la politique étrangère américaine sous Donald Trump prolongent la politique étrangère de Barack Obama, en particulier la double volonté de désengagement du Moyen-Orient, et de pivot vers l’Asie.
Mais d’autres signalent une véritable rupture, à travers le rejet du principe directeur de la politique étrangère américaine de l’après-guerre froide, selon lequel l’inclusion des rivaux dans le système international allait en faire des « partenaires responsables » (responsible stakeholders) des États-Unis : les documents stratégiques de l’administration Trump s’ouvrent sur le constat d’échec de cette politique.
En remettant en question le multilatéralisme et ses institutions, l’Amérique de Donald Trump semble se muer elle-même en « partenaire irresponsable » rejetant cet ordre international qu’elle avait jusque-là garanti, et rejetant ainsi le « wilsonisme » qui en était la philosophie d’origine.
Il reste pourtant difficile de définir le « trumpisme » en politique étrangère : la remise en question des principes directeurs de la politique étrangère ne signifie pas pour autant un retour à l’isolationnisme des années 1930, ou au XIXe siècle. La référence au « jacksonisme », du nom du président Andrew Jackson, septième président des États-Unis, rappelle certes utilement le retour d’un nationalisme américain « ethnoculturel » plutôt que « civique », pour reprendre une distinction classique, mais ne nous en dit guère plus.
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