La politique étrangère, un boulet pour Joe Biden ? Alors que Trump se place en champion de l’isolationnisme, l’interventionnisme du démocrate sur la scène internationale pourrait lui coûter cher. Alors même que chacun des deux partis se divise sur le rôle des États-Unis dans le monde. Analyse dans ma dernière chronique Mediapart, citée ce matin par Pierre Haski dans sa chronique géopolitique sur France Inter.

On entend souvent que la politique étrangère n’est pas un facteur déterminant du vote dans les élections américaines. Outre que c’est sans doute faux depuis 2016, il est clair qu’en 2024, la politique étrangère sera au cœur de la présidentielle.

© Photomontage Mediapart avec AFP

C’est déjà le cas pour les primaires républicaines, où la course est désormais réduite au face-à-face entre Donald Trump et Nikki Haley. Trump fait campagne depuis 2015 sur une trilogie dont l’enjeu central est le rapport des États-Unis au monde : fermeture à l’immigration, protectionnisme commercial et anti-interventionnisme en politique étrangère, une trilogie isolationniste qui tourne le dos à ce qui définissait l’ancien parti républicain de Bush et Reagan. Nikki Haley, désormais unique rivale de Trump dans les primaires républicaines, représente tout ce que le trumpisme rejette en politique étrangère.

Or, Biden est plus proche de Haley que de Trump, même s’il a construit certains éléments de sa politique étrangère sur l’héritage Trump, au Moyen-Orient et vis-à-vis de la Chine. Il faut donc s’attendre à retrouver dans l’élection générale certains traits qui opposent pour l’instant Haley à Trump.

Le poids de l’ancien président se manifeste déjà : il est en passe de saborder le dernier espoir de vote d’une nouvelle aide à l’Ukraine au Congrès, aide liée à une réforme de l’immigration. Trump a fait pression sur les membres du Congrès, et en particulier sur le président de la Chambre, Mike Johnson, dont la majorité étroite le met sous la coupe de l’aile la plus extrême, qui a déjà fait tomber le précédent speaker, Kevin McCarthy. Il faut voir là avant tout une manœuvre politicienne : Trump, comme les élu·es républicain·es, sait que la question de l’immigration et de la frontière sud pourrait à elle seule faire perdre Biden. Mais les conséquences seront immédiates pour l’Ukraine.

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