Dans cette deuxième chronique Hors Normes, je plonge dans la campagne électorale 2024 aux Etats-Unis sous l’angle des Big Tech. Je reviens en particulier sur Peter Thiel et Donald Trump (c’est fini), et sur les Big Tech et la politique américaine (c’est compliqué).

On a des nouvelles de Peter Thiel, le milliardaire pro-Trump le plus connu et le plus discret de la Silicon Valley, ex -fondateur de PayPal et premier investisseur de Facebook. Peter Thiel a accordé un long entretien à la revue The Atlantic pour annoncer qu’il ne financerait personne pour la prochaine élection, et surtout pas Trump. Thiel avait été en 2016 l’un de ses soutiens financiers et politiques les plus surprenants.

On venait déjà d’apprendre par Business Insider que Thiel était un informateur pour le FBI depuis mai 2021. Surprise pour un libertarien auto-proclamé, même si ce n’est pas la première fois qu’il collabore avec une agence à trois lettres puisque Palantir doit son essor à de juteux contrats avec la CIA pendant la « guerre globale contre le terrorisme » de George W. Bush.

Dans The Atlantic, on apprend que Thiel, après avoir ignoré les appels de Trump pendant plusieurs semaines au début 2023, a finalement décroché pour refuser de contribuer financièrement à sa campagne. Trump s’est dit « très triste, vraiment très triste d’entendre cela », avant de le qualifier de “fucking scumbag” – je vous laisse chercher la traduction.

C’est une information importante car Thiel n’a pas « que » soutenu Trump en 2016 : il a contribué à l’évolution du parti républicain vers l’extrême-droite. Thiel est en effet l’un des piliers du mouvement NatCon (pour national-conservatisme) dont il a ouvert chaque conférence depuis 2019. Le but des NatCons était précisément de redéfinir l’armature intellectuelle du conservatisme et du parti républicain pour coller aux nouveaux électeurs amenés par Trump, un objectif atteint si l’on en juge par les éléments de langage de la grande majorité des candidats et élus républicains aujourd’hui.

Lire la suite