Après Donald Trump, le populisme version américaine, voici en forme de post-scriptum et avant le discours de ce soir quelques éléments (et liens à des articles de référence) moins politiques, plus personnels sur l’homme et ce que serait sa présidence.
S’il ne fallait lire qu’un article sur ce sujet, je recommande celui-ci paru cette semaine dans le New Yorker, témoignage ahurissant du journaliste Tony Schwartz qui a (co-)écrit le best-seller de Trump, The Art of The Deal, livre qui a créé la légende de Trump.
Schwartz s’en veut aujourd’hui d’avoir contribué à construire le mythe de l’homme d’affaire à succès – alors que Trump est avant tout un héritier dont le père avait fait fortune dans l’immobilier et qui serait plus riche aujourd’hui s’il avait placé les millions dont il a hérités plutôt que de faire faillite plusieurs fois dans des affaires douteuses (beaucoup de gens pensent d’ailleurs que s’il refuse de rendre publiques ses déclarations d’impôt, c’est qu’il n’est pas aussi riche qu’il ne l’affirme).
Schwartz est aujourd’hui terrifié par l’idée d’une présidence Trump, non en raison de l’idéologie du personnage (dit qu’il n’en a pas) mais à cause de son caractère, celui d’un narcissique impulsif et dangereux (il aurait appelé le livre « le sociopathe »). Schwartz décrit un homme incapable de se concentrer plus de quelques minutes, impatient et irritable « comme un enfant de maternelle », ignorant ou avec une connaissance superficielle de la plupart des sujets. Explique aussi que « le mensonge est pour lui une seconde nature et il a la capacité de se convaincre que ce qu’il dit est vrai, ou plus ou moins vrai, ou devrait être vrai » (la rubrique vérification du Washington Post lui a d’ailleurs déjà attribué un nombre record de mensonges).
Ce « rapport créatif avec la vérité » se retrouve dans ses affaires, entachées de nombreuses fraudes (cf. les casinos d’Atlantic City, l’Université Trump, les multiples anonymes victimes de déclarations mensongères et les sous-traitants non payés), qui expliquent les 3 500 procès où l’homme a été ou est encore impliqué (certains de son fait, une tactique d’intimidation récurrente chez lui).
Il est par ailleurs avéré que Trump a souvent lancé lui-même des rumeurs le concernant (parfois en se faisant passer pour d’autres auprès de journalistes), toujours positives pour lui ou ses affaires, mais fausses donc : par exemple que le prince Charles cherchait à acheter un de ses appartements, ou encore sur des femmes qu’il aurait séduites (sur Trump et les femmes, lire cet article du New York Times, qui montre le sexisme du personnage).
Trump est surtout obsédé par lui-même et par le fait d’attirer l’attention, et tout ce qu’il a fait dans sa carrière semble d’ailleurs ramener à cela : le principal sujet de ses discours reste lui-même, et sa candidature présidentielle semble parfois être avant tout une manière de faire du buzz sur sa personne. En ce sens, elle est l’aboutissement logique de sa carrière. C’est d’ailleurs très clairement la campagne qui lui plaît et on se demande parfois s’il se projette réellement sur l’objectif : diriger le pays.