Tour d’horizon et brève sélection d’articles et liens sur l’actualité de politique étrangère américaine du mois dernier.

Pour ce qui concerne la stratégie américaine contre le groupe Etat Islamique et les opérations militaires en Irak et Syrie, voir le post précédent « Amérique contre ‘Etat Islamique’ : questions et contradictions d’une intervention ».

WashMonument

L’argent étranger des think tanks de Washington

L’article du mois : cette enquête du New York Times sur les financements étrangers dans les think tanks de Washington, ce qu’ils financent et ce qu’ils espèrent acheter ainsi. En particulier, le journaliste se demande dans quelle mesure ces pratiques constituent une infraction à une loi fédérale datant de 1938, le Foreign Agents Registration Act, qui visait à l’époque la propagande nazie aux Etats-Unis et oblige toute personne ou entité recevant un financement étranger pour un travail d’influence aux Etats-Unis à faire une déclaration détaillée au ministère de la Justice américaine.

La polémique du mois (la science politique sert-elle à quelque chose ?)

Tom Ricks contre la science politique : l’expert défense de Foreign Policy lance un pavé en s’en prenant à la revue International Security qu’il juge « ennuyeuse » alors même qu’il se passe tant de choses dans le monde. Quelques lignes qui ne sont ni très convaincantes, ni même argumentées, mais vont provoquer une discussion qui le sera beaucoup plus.

On notera par exemple cet article dans la rubrique « Monkey Cage » du Washington Post, qui offre une tribune aux politologues pour évoquer le lien entre leurs travaux et l’actualité.

A lire également, la réponse de Daniel Drezner, professeur de relations internationales à Tufts, qui rassemble de nombreux et excellents liens parmi les réactions à cette polémique, et surtout cet article d’Olivier Schmitt (en français), qui fait le tour de la question et au-delà.

Europe, OTAN, Ukraine

Malgré les déclarations fortes d’Obama au sommet de l’OTAN début septembre, il ne faut pas s’attendre à ce que Washington « re-pivote » vers l’Europe. Pour autant, cet article souligne que l’empreinte plus légère actuelle des Etats-Unis sur le continent européen représente tout de même 29 bases ou sites hébergeant 69 000 soldats américains.

Sur le même sujet, voir cet article sur la crise ukrainienne vue par la Chine.

Enfin, le président ukrainien s’est exprimé devant les élus du Congrès américain, auxquels il a réclamé des armes – de même qu’à la Maison Blanche, qui lui a signifié que ce ne serait pas possible (on notera à ce propos que le Speaker Boehner a donc pu caser l’Ukraine dans l’emploi du temps du Congrès, mais non le Premier ministre indien, ce qui en dit long sur le « pivot » vers l’Asie).

En Afrique, l’armée américaine mobilisée contre Ebola

De manière révélatrice, la réponse américaine passe par l’outil militaire : soutien logistique, mais surtout 3000 soldats américains sur place, soit davantage que pour la lutte contre l’EI en Irak.

On notera également que la réponse du Congrès a été un soutien bipartisan, fait rare, en particulier de la part des républicains de la Chambre.

Les rapports à ne pas rater

La stratégie 2014 des services de renseignement américains (National Intelligence Strategy).

Le rapport 2014 du Chicago Council on Global Affairs sur l’opinion américaine et la politique étrangère, intitulé « la politique étrangère à l’heure du repli » (Foreign Policy in the Age of Retrenchment). Et la critique qu’en fait le politologue Stephen Walt.

Enfin un très bon article sur la prise de décision en politique étrangère dans la Maison Blanche d’Obama.