Donald Trump a remporté l’élection au Collège Electoral et le parti républicain retrouve également la majorité au Congrès. Ajouté à la Cour Suprême qui est depuis longtemps solidement conservatrice, les républicains devraient avoir la main sur tous les leviers du pouvoir en 2025. Et contrairement à 2017, l’ensemble du parti républicain est désormais trumpiste.
Surtout, Trump remporte pour la première fois le suffrage populaire, avec un écart de plus de 3 millions de voix sur Kamala Harris. C’est une première pour un candidat républicain depuis la réélection de George W. Bush en 2004. La fois précédente remontait à 1988.
Analyse publiée le 9 novembre 2024.
L’expression du déclassement
Harris a perdu des voix sur plus de 90% des districts électoraux et sur quasi tous les segments et sous-segments de l’électorat. La coalition Trump évoque celle qui avait porté Obama au pouvoir en 2008. Il est légitime de parler de redéfinition des socles électoraux de chaque parti. En 2016, la coalition victorieuse de Trump s’appuyait sur les classes populaires blanches, la “white working class”, définie avant tout aux Etats-Unis par le niveau de diplôme. On a focalisé sur “blanc”, il faut désormais insister sur “populaire”, puisqu’un électeur de Trump sur trois est non-blanc. L’ancrage territorial demeure rural mais s’élargit au péri-urbain, les “suburbs” américains, et même aux grandes villes comme New York. Le résultat valide la théorie de la victoire de Trump et des stratèges du trumpisme.
Les principaux enseignements à ce stade, qui se basent encore sur les sondages de sorties des urnes, les analyses sociologiques du vote prendront un peu plus longtemps, montrent que la majorité des motivations des Américains expriment un rejet du statu quo qui traduit un sentiment de déclassement, dont les motivations sont avant tout la situation économique personnelle des électeurs, qui vivent moins bien qu’avant la pandémie de Covid. Trump a fait campagne sur la peur face aux changements brutaux de la société américaine et de la situation internationale, en attisant le racisme et le rejet des “étrangers”, tactique millénaire qui a fait ses preuves.
La principale ligne de faille principale de la politique américaine est le niveau d’éducation, ce qui dit quelque chose à la fois de l’évolution de l’économie, qui ne s’améliore que pour les diplômés, et des effets de la désinformation et de l’évolution du paysage médiatique, autre fait majeur de cette campagne. Au niveau national, la répartition du vote entre hommes et femmes n’est pas significativement différente des élections précédentes, mais elle est en revanche frappante sur les plus jeunes générations. Le pari de l’équipe de campagne Trump sur les hommes jeunes a porté, dans toutes les catégories d’électeurs, et ce pari n’aurait pas réussi sans le ciblage de cette population par les podcasts et sur les réseaux sociaux.

