Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York (États-Unis) mardi 19 septembre, Joe Biden a opéré un changement sémantique frappant sur l’Ukraine : disparu le récit d’une grande lutte mondiale des « démocraties contre les autocraties », remplacé par un nouveau discours plus attentif au « Sud global » (le monde non-occidental) et à ses préoccupations. Volodymyr Zelensky de même a insisté sur l’utilisation par Poutine du blé et de l’énergie comme armes à l’échelle mondiale contre l’Ukraine. Les deux présidents ont martelé les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale. Une contre-offensive discursive bien tardive face au succès du récit russe.

C’est l’objet de ma dernière chronique.

Illustration Simon Toupet / Mediapart avec AFP

Le discours de Biden exprimait la nécessité de trouver un récit commun et global plus efficace que le leitmotiv d’un affrontement entre les démocraties libérales et les régimes autoritaires, qui n’a pas fonctionné. L’enjeu de cette guerre des récits est crucial: sur la scène internationale, les perceptions sont souvent plus importantes que la réalité. Cette contre-offensive discursive traduit à la fois la crainte d’un rejet croissant du monde non-occidental face à cette guerre qui dure, et celle d’une lassitude des opinions occidentales, notamment américaine.

Elle illustre surtout le succès du récit russe. Ou plutôt des récits russes, car ils sont multiples, et se déploient sur un terreau fertile.

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