En avril, Washington a consolidé sa posture de défense en Afrique et en Asie, avec le renouvellement pour 10 ans de son contrat de base à Djibouti et la signature d’un accord de défense avec les Philippines, impensable il y a 10 ans. Par ailleurs, l’Ukraine n’est toujours pas une priorité pour la Maison Blanche, les rebelles syriens ont reçu leurs premières armes américaines, et la coopération se poursuit au Yemen entre le gouvernement yéménite, le Pentagone et la CIA.

WashMonument

L’Ukraine n’est pas une priorité américaine

Le Gal Breedlove aimerait en faire plus face à la Russie mais la Maison Blanche n’est pas du même avis. L’Ukraine n’est pas une priorité américaine explique le CFR. Le New York Times résume ainsi la nouvelle politique américaine vis-à-vis de la Russie : minimiser les heurts, préserver une coopération marginale sur certains dossiers, pour le reste ignorer Poutine. La Maison Blanche reflète bien en cela l’opinion américaine : selon une nouvelle étude du Pew Research Center, seuls 31% d’Américains pensent que les événements en Ukraine sont très importants pour les intérêts américains.

Enfin, cet article relève le problème que pose le fait de nommer à des postes d’ambassadeurs en Europe (comme ailleurs) des producteurs de télévision, magnats du tourisme et autres riches contributeurs aux campagnes démocrates, face à des diplomates russes chevronnés.

Le pivot se poursuit

Hagel annonce le déploiement de deux destroyers de la Navy pour la défense antimissiles du Japon en 2017. Par ailleurs le Pentagone réfléchit à sa politique de bases en Asie, avec deux mots d’ordre : renforcer, disperser. De son côté, PACOM établit de nouveaux plans pour une « réponse musclée » à toute provocation chinoise en mer de Chine méridionale et orientale.

Quelques précisions sur l’accord de coopération de défense signé avec les Philippines (Enhanced Defense Cooperation Agreement), impensable il y a 10 ans. Toujours aux Philippines, Washington s’apprête à réduire ses forces spéciales de près de 200 hommes (OEF Philippines).

La Brookings publie un rapport sur 35 ans de relations Etats-Unis / Chine : Diplomatie, culture et soft power. Plus bref, un article de la Brookings toujours sur l’impact de l’Ukraine sur le voyage d’Obama en Asie. Sur le même thème, l’analyse du Wall Street Journal. Le Congrès aussi s’intéresse à l’Asie : nouvelle loi déposée, délégations précédant de peu la tournée présidentielle. Enfin, le centre Tsinghua de la Carnegie (en Chine) propose une vision chinoise du voyage d’Obama.

Chine-Afrique : le président chinois Xi Jiping a accentué l’implication chinoise en Afrique, selon la Brookings, qui publie également un rapport sur l’Afrique dans la politique étrangère chinoise.

Afrique : Djibouti, drones et terrorisme

Kerry a fait un arrêt en Algérie début avril (en pleine campagne), ainsi qu’au Maroc pour renforcer la coopération avec les Etats-Unis dans la lutte contre-terroriste. Briefing à Washington du Gal Rodriguez, commandant d’AFRICOM, qui indique les préoccupations américaines en Afrique. Pendant ce temps, le Pentagone envisage une présence à long terme en Afrique, avec possibilité d’envoyer les militaires avec leur famille (à Djibouti).

Les Etats-Unis ont surtout signé début mai avec Djibouti un accord qui renouvelle leur présence à Camp Lemonnier (seule véritable base américaine en Afrique) pour 10 ans renouvelables, confirmant à la fois le caractère essentiel de Djibouti comme « hub » du dispositif anti-terroriste américain, et la présence militaire à long terme des Etats-Unis en Afrique.

On pourra lire cet article du New York Times surla lutte contre le terrorisme au Sahel, qui juge que « le repositionnement des forces françaises et américaines semblent fonctionner – pour l’instant ».

Après la dernière campagne de frappes ciblées par drones au Yémen, le porte-parole du Pentagone a invité les journalistes à s’adresser directement au gouvernement yéménite pour toute question, une évolution intéressante et révélatrice.

Syrie et Moyen-Orient, le Congrès toujours très impliqué

La Commission des affaires étrangères du Sénat reste très impliquée sur la Syrie et fait pression sur Obama (y compris certains de ses alliés démocrates). Toujours en Syrie, les rebelles qui ont reçu les premiers missiles américains les considèrent comme un premier pas important mais « plus psychologique que physique ». La CIA de son côté cherche à contrôler les armes livrées.

Les Marines vont former une nouvelle force de réaction rapide (land-based crisis response unit) pour répondre à des crises au Moyen-Orient, force qui devrait s’installer dans la zone en 2015.

Des négociations sont en cours entre le Congrès et le département d’Etat qui vient d’autoriser la livraison partielle d’assistance militaire à l’Egypte. Le soutien s’amenuise au Sénat, la fronde étant menée par le puissant sénateur Leahy.

ET AUSSI :

Le point sur les dépenses militaires, aux Etats-Unis et dans le reste du monde

Le Green Book sur le budget du Pentagone est en ligne. On notera par ailleurs que le soutien du Congrès diminue sur le budget des opérations (OCO) qui a beaucoup servi ces dernières années à tempérer l’impact de la baisse du budget du Pentagone.

Publication des dernières statistiques du SIPRI sur les dépenses de défense dans le monde. On pourra aussi consulter cette carte des budgets militaires en croissance rapide dans le monde.

Climat : du nouveau ?

Rapport du CNAS sur l’impact de la révolution énergétique américaine sur la sécurité des Etats-Unis. Cet article fait le point sur les projets du second mandat Obama sur le climat : le président américain serait prêt à agir, au-dessus de la tête du Congrès s’il le faut.

Pendant ce temps en Afghanistan…

Sondage sur l’opinion des Américains sur la longue guerre en Afghanistan: 49% pensent aujourd’hui que cette guerre fut une erreur, un « changement significatif » par rapport à 2002 où 93% la soutenaient. Selon une analyse du DoD, chaque soldat américain en Afghanistan coûte désormais 2,1 millions de dollars. Afghanistan toujours, comment Obama est passé de “nous devons gagner” à “nous devons partir”.

La CIA et ses drones

La CIA n’est pas prête à lâcher le programme de frappes ciblées, explique le NYT. Sur le même thème, la New America Foundation publie ses dernières statistiques : les frappes sont en baisse depuis 2012. Sous la pression de la « communauté du renseignement », le Sénat a abandonné un amendement qui exigeait un rapport public annuel du Président sur les cibles et victimes des frappes.

Enfin, un article détaillé sur Bluefin et autres drones sous-marins, secteur en plein développement.

Les cybersoldats du Pentagone

D’ici 2016, les Etats-Unis compteront 6000 cybersoldats, avec des équipes déployées dans chaque commandement militaire. Voir aussi ce rapport du CNAS sur les nouveaux « théâtres digitaux ».

Et enfin : La classe moyenne américaine n’est désormais plus la plus riche du monde.