Il y a un an, le Congrès américain votait le plus ambitieux plan d’investissement climatique de l’histoire des États-Unis. Lequel produit déjà des effets. Seront-ils durables ?
Premier volet de la chronique de la transition énergétique façon Biden, publiée cet été chez Mediapart.
L’année 2022 a marqué le début de la transition énergétique américaine. « Lorsque nous regarderons en arrière dans une décennie, nous considérerons sans doute l’année 2022 comme un point d’inflexion », écrivait Leah Stokes, spécialiste du climat, professeure à l’université de Californie, dans le New York Times fin décembre 2022. Le mois d’août précédent avait vu en effet le passage surprise du plus ambitieux plan d’investissement climatique de l’histoire des États-Unis, voté l’été dernier sous le nom trompeur de « loi de réduction de l’inflation » (Inflation Reduction Act ou IRA).
Il s’agit bien d’une loi climat : elle a été baptisée ainsi pour rallier le vote du sénateur de Virginie occidentale Joe Manchin, indispensable 50e voix au Sénat, et surtout pour contrer les attaques républicaines qui accusaient les dépenses démocrates d’alimenter l’inflation, à trois mois des midterms de 2022.
L’IRA est une loi de politique industrielle historique par le montant des investissements « climatiques », c’est-à-dire destinés à réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2 essentiellement) des États-Unis. En avril 2021, le président Biden avait fixé un nouvel objectif national pour 2030 de réduction de 50 % des émissions par rapport au niveau 2005, objectif formalisé dans le cadre de l’accord de Paris, que les États-Unis ont rejoint après la sortie décidée par Trump en 2017. L’objectif prioritaire de l’administration est de parvenir à un secteur de l’électricité décarboné (donc à émissions nulles) d’ici à 2035, et à une économie à émissions nettes nulles d’ici à 2050 au plus tard (net-zero).
Un an après le vote de l’IRA, et à un an de la prochaine échéance présidentielle, on peut se demander si la transition est engagée, et surtout si elle sera durable, puisque depuis la présidence de Bill Clinton dans les années 1990, l’alternance politique a conduit chaque nouveau président à revenir sur ce qu’avait fait son prédécesseur sur le plan climatique. C’est seulement à cette aune que Biden méritera son qualificatif de « président du climat ».

