Donald Trump se compare au Christ et parle de l’élection 2024 comme « la bataille finale ». Le lien avec sa base chrétienne a changé de nature depuis 2016. Trump se servait du mouvement, désormais le mouvement le façonne aussi. C’est l’objet de mon dernier article.

Illustration Simon Toupet / Mediapart avec AFP


Le procès qui vient de s’achever à New York, dans lequel l’ancien président a été reconnu coupable d’avoir influencé l’élection de 2016 en soudoyant une actrice porno, sera sans doute le dernier de Donald Trump avant l’élection présidentielle de novembre. Les analystes s’interrogent sur le verdict et ses conséquences sur l’électorat, mais un groupe semble immunisé contre le doute : la base la plus fidèle et fervente de Donald Trump, les chrétiens évangéliques blancs, qui le soutiennent à plus de 80 % depuis 2016.

La réaction de Trump est quant à elle prévisible : il poursuivra dans la victimisation qui renforce sa position de candidat antisystème. Il voudra se venger et dira qu’il le fait pour ses électeurs et électrices. 

Une différence entre cette campagne et celles de 2016 et 2020 se trouve dans cette image de « hors-la-loi » qu’il cultive et adapte en fonction de son auditoire, se comparant parfois à Al Caponeinvitant à ses côtés des rappeurs accusés de meurtre dans le Bronx, clamant ailleurs que les accusés du 6 janvier sont des prisonniers politiques « comme lui ». Quand il s’adresse à sa base chrétienne, c’est au Christ qu’il se compare.

Or, le soutien des chrétiens évangéliques blancs à Trump se maintient, y compris après un procès qui semble être un concentré de leurs pires cauchemars – mensonge, corruption, adultère, et porno en prime. Pour le comprendre, il faut revenir sur la transformation de la religiosité aux États-Unis depuis vingt ans, et sur ses liens avec le Parti républicain et la candidature de Trump aujourd’hui. Une évolution qui aura des  conséquences politiques profondes si Trump l’emporte en novembre prochain. 

Martyr de la guerre culturelle

La campagne que mène Trump depuis fin 2022 fait un usage toujours croissant de termes apocalyptiques, comparant l’élection 2024 à la « bataille finale », et la campagne qui l’oppose à Biden à un combat entre le Bien et le Mal. Dans ce combat, Trump est « celui qui prend les coups pour vous », le seul à se tenir entre le « régime Biden marxiste » et les « chrétiens persécutés ». Toutes ces formules sont répétées à longueur de meetings.

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